Impact des routes et du trafic routier sur les petits mammifères

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Les routes représentent une menace conséquente pour de nombreuses espèces animales

Bien qu’on considère souvent en priorité les effets d’une route via les collisions animaux – véhicules, les routes peuvent également avoir un impact en agissant comme une barrière totale ou partielle pour certaines espèces.

Les routes peuvent également être à l’origine d’une fragmentation des habitats et réduire la survie d’une population en réduisant la colonisation d’un habitat. Ce dernier élément indique donc que les espèces éviteraient ainsi les routes.

On peut ainsi distinguer trois types d’évitement :

– Les animaux qui éviteraient la route d’eux même la considérant comme une zone « hostile » où ils ne s’aventurent pas

– Les animaux qui éviteraient les routes du fait du trafic routier et des nuisances qui y sont liées (bruit, gaz d’échappement,…)

– Les animaux qui attendraient une baisse du trafic routier afin de tenter de franchir la route.

Dans le premier cas, toutes les routes de même type et de même taille auraient ainsi le même effet de barrière. Dans le deuxième cas, l’effet de barrière varie selon l’importance du trafic et augmentera donc logiquement lorsque le trafic sera important.

Enfin dans le dernier cas, l’impact sera limité en cas de trafic faible ou moyen permettant ainsi aux animaux de franchir la route. Il sera bien plus important, entraînant une absence de passage, lorsque le trafic routier sera important (comme c’est le cas sur les autoroutes par exemple).

Bien sûr, ce n’est pas le seul effet néfaste des automobiles. Le transport et la mobilité ont aussi une grande importance dans l’effet de serre responsable du changement climatique, nuisible à la biodiversité.

Des solutions ont été mises en place comme les passages à faune

Toutefois il est nécessaire avant de les installer de réaliser une étude sur les causes de l’effet de barrière (types décrits ci-dessus).

Ainsi si les animaux sont repoussés par les conséquences du trafic (par exemple le bruit), la construction d’un passage ne devrait pas permettre de résoudre le problème car ces animaux ne s’approcheront de toute façon pas de la route et du passage. Ces éléments ne remettent toutefois pas en question l’utilité de ces passages pour certaines espèces qui permettent le franchissement des routes, même avec peu de trafic, lorsque celles-ci séparent deux habitats nécessaires à la survie d’une espèce.

Une étude réalisée sur Peromyscus leucopus et Tamias striatus a permis de montrer qu’ils évitaient principalement les routes d’eux-mêmes (cas 1) et non en fonction du trafic ou du bruit et des émissions qu’il engendre. En effet, ceux-ci limiteraient leur présence et leur déplacement autour des routes. Toutefois il n’est pas possible de savoir la proportion des individus qui éviteraient les routes ni dans quelle proportion les individus éviteraient la route en cas de mortalité.

Lors de cette étude, les auteurs n’ont trouvé aucune différence entre l’effet de barrière sur une route peu fréquentée et une route très fréquentée.

Alors que s’il y avait eu un impact du bruit ou des émissions, les espèces auraient du moins à fréquenter la zone en cas de trafic important. Enfin, si les espèces évitent seulement les routes, on ne devrait pas observer de baisse de leur densité à proximité.

Alors que s’ils évitent à cause des nuisances, on devrait dans ce cas observer une baisse de la densité à proximité des routes et celle-ci devrait diminuer lorsque le trafic augmente. Or l’étude n’a montré aucune baisse de la densité à proximité et même une densité plus importante de Tamias striatus. L’étude montre ainsi que la route représente bien un effet de barrière qui repousse les animaux quelque soit le trafic présent. Ce type d’impact est critique pour prédire l’impact potentiel des routes sur la persistance de la faune.

Bien que les résultats de l’étude présentée ci-dessus montrent l’absence de réaction des petits mammifères au trafic, cela n’est pas le cas chez les grands mammifères qui évitent eux le trafic routier. Une étude chez l’Ours noir a permis de mettre en évidence le comportement d’évitement suite au trafic. La mortalité due au trafic de l’orignal en Suède croit avec l‘augmentation du trafic routier mais décroit en cas de trafic important. Les orignals éviteraient ainsi les routes à fort trafic comme les autoroutes.

Tous ces éléments indiquent donc que des mesures permettant de limiter le trafic routier que ce soit en termes de nombre de passages, de dates de passage ne modifiera pas l’effet de barrière sur les petits mammifères. Des mesures plus efficaces seraient la construction de passages à faune, la réduction de la largeur des routes voire dans un cas extrême la suppression de la route.



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